La paroisse en Nzambi

Une paroisse située au coeur d’une réserve naturelle

Proche de la frontière avec le Gabon, on accède depuis Pointe Noire à la paroisse de Nzambi après plusieurs heures de pistes et la traversée de deux fleuves.

« On monte à Saint Pierre de Nzambi, comme on monte à Jérusalem »

Fondée par l’évêque de Pointe Noire et développée par le Père Abel, la paroisse surplombe aujourd’hui une vaste pleine. Ce lieu chaleureux et vivant, redynamise le village de Nzambi situé en contre-bas et qui est en proie à la fuite des jeunes vers la ville. Situé en plein coeur d’un parc naturel, la réalité y est difficile pour ses habitants qui voient leurs champs dévastés par les éléphants, espèce protégée.

  • En 2013, inauguration de l’église de Saint Pierre de Nzambi
  • En 2014, inauguration de la « grotte de la vierge Marie »
  • En 2016, inauguration de 5 nouvelles chambres pour accueillir des visiteurs
  • En 2017 – objectif : inaugurer une école maternelle

Témoignage:

“Depuis Pointe-Noire, prenez vers le nord une mauvaise piste de terre rouge et poursuivez votre route à travers les brousses africaines pendant trois heures d’un spectacle époustouflant. Arrivés au terme de ce chemin poussiéreux, sur les bords d’une rivière enchanteresse, il vous reste à confier votre équipage au bac chancelant chargé de vous amener sur l’autre rive d’où l’on distingue parfois, au fond de l’eau boueuse, les formes saugrenues d’un véhicule que quelques coups funestes du destin africain aura fait plonger au milieu des palétuviers. Débarquez, repartez pour une heure sinueuse sur une piste en sable, puis vous voilà arriver au village où il vous faudra laisser les véhicules déjà bien éprouvés. Le temps de repenser aux priorités qui ont présidé à la sélection du chargement, vous voilà embarqués sur des pirogues motorisées, par beau temps et bonne volonté seulement, afin de traverser le lac de Concouati. Les yeux fouillent le rivage adverse, n’y distinguant que la forêt tropicale, et l’on redoute d’avoir mené une si belle épopée pour échouer dans les remous turbulents de ce lac foisonnant de gentils petits caïmans (si gentils qu’on a donné le nom de ces charmants petits sauriens à l’une des bières nationales du Congo, mais ceci est une autre histoire).

Néanmoins, l’on aperçoit progressivement au milieu de cette nature décomposée les prémisses d’un ponton solidement ancré dans ce qui n’est plus le lac mais pas encore la terre ferme. Accostez, et cheminez, émerveillés, sur ce miracle de sentier en bois traversant sur près de cent mètres un tunnel végétal : à la fin, une pente douce vous emmène vers les premières habitations d’où jaillissent déjà les enfants pressés d’accueillir leurs visiteurs. Le Père Abel est là, et sa soutane immaculée s’agite brusquement quand il distingue les bouilles éberluées des non-initiés aux mystères africains. Il vous attendait « comme la sentinelle attend l’aurore », tout simplement. Et son expression, devenue proverbiale dans le petit milieu des mundélés, retentit comme l’heureuse malédiction de ce généreux pays : du Congo, l’on ne revient jamais ! Vous êtes arrivés à Nzambi.

C’est en ce lieu dissimulé, côtoyant le Gabon et surplombant la mer, que le Père Abel a établi sa mission. De la chapelle en tôle à l’église en ciment, tout est allé très vite, et notre ami missionnaire a eu tôt fait de donner à l’Eglise de nouveaux et enthousiastes petits chrétiens, baptisant à tour de bras et s’improvisant à toutes les fonctions afin de mener au mieux sa petite communauté.

Retour à Pointe-Noire, parce qu’il faut bien faire balance au paradis de Nzambi. Une banlieue boueuse et populeuse dans laquelle se maintiennent quelques dizaines de milliers de congolais jetés ici par le progrès. Une piste de détritus en plastique vous mènera jusqu’à la seconde œuvre du Père Abel, l’orphelinat. De la modeste cabane originelle, l’énergie de notre ami a créé un havre de paix pour des enfants toujours plus nombreux, provenant des quartiers alentours et chacun porteurs d’un de ces destins tragiques qui font l’Afrique. Malgré les difficultés, il faut voir l’enthousiasme ce cette grande famille réunissant tous les âges de l’enfance, il faut écouter les chants incessants et le doux vacarme de ces âmes rayonnantes, il faut assister enfin à la messe célébrée par la Père Abel dans le réfectoire transformé en chapelle presque tous les jours, ou bien est-ce l’inverse, et c’est en compagnie du Divin Enfant que les enfants dévorent tous les jours le manioc et le saka-saka…”

Jean (septembre 2013)